Savoirs inutiles #8 : la place de l’ours polaire dans la chaîne alimentaire.
L’ours est situé en haut de la chaîne alimentaire en Arctique (si l’on fait exception des hommes). Les ours polaires équilibrent la nature en empêchant une surpopulation de phoques.
Quelques détails sur les types de proies et techniques de chasse de l’ours polaire, ourspolaire.org :
L’ours polaire est un prédateur très spécialisé dans la chasse aux phoques, et plus largement aux mammifères marins. Les scientifiques estiment qu’un individu adulte a besoin de 50 à 60 phoques par an pour survivre.
Les deux espèces les plus souvent chassées sont le phoque marbré (94 %), dont les adultes n’excèdent pas 80 kg, et le phoque barbu (6 %) qui peut atteindre 400 kg. Occasionnellement, le phoque du Groenland, le phoque à capuchon, voire le phoque veau marin, peuvent être la proie des ours polaires. Dans certains cas, au Svalbard ou sur l’île Wrangel, les ours tentent de s’attaquer aux morses. Cette entreprise périlleuse est rarement couronnée de succès et parfois même sanctionnée d’un mauvais coup de défenses ; en effet, le morse est massif et doté d’une peau très épaisse constituant une véritable armure.
Au titre des prises accessoires, dans des circonstances particulières, citons le bélouga, proche cousin du narval. Lorsque plusieurs individus se rassemblent, serrés les uns contre les autres dans une ouverture de la banquise, un ours peut attaquer l’un d’entre eux sur le dessus de la tête au niveau de l’évent ; l’animal blessé, incapable de respirer, pourra alors être achevé et hissé sur la banquise.
L’hiver, à l’exception des femelles gravides, tous les ours polaires sont sur la banquise pour se nourrir. Ils l’arpentent, guidés par leur odorat et leur expérience, attirés par les polynies et les chenaux, seules zones d’eau libre dans cet univers solide. Les ours savent que ces oasis dans la glace offrent aux phoques la possibilité de venir respirer sans avoir à maintenir ouvert un trou. Mais l’hiver n’est pas une période d’abondance. L’ours polaire doit attendre mars ou avril pour voir les phoques redevenir des proies faciles.
Au printemps, les femelles phoques marbrés donnent naissance à un blanchon dans une tanière creusée dans la neige accumulée contre les arêtes de compression de la banquise, en utilisant une faille entre deux plaques de glace. Aucun indice extérieur ne permet de déceler la présence de la tanière. En cette période d’abondance, l’ours recherche les zones fracturées offrant aux phoques les meilleures conditions. Son odorat lui permet de repérer leur présence sous la neige. Pesant de tout son poids, il tente d’effondrer la voûte de neige et se précipite la tête la première pour saisir le blanchon. Souvent, celui-ci a déjà rejoint l’océan.
À l’affût près d’un trou de respiration, l’ours peut rester figé pendant de longues heures en attendant qu’un phoque remonte à la surface : alerté par le mouvement de l’eau lorsque ce dernier remonte dans la cheminée creusée au travers de la banquise, il se prépare. Un coup de patte puissant suffit à assommer sa proie avant même qu’elle n’ait décelé la menace.
Au début de l’été, les phoques passent la journée sur la glace à proximité d’un trou. Ils sont parfois quatre ou cinq. L’ours parcourt la banquise à la recherche des pinnipèdes en pleine sieste. Arrivé à une cinquantaine de mètres, si les phoques sont toujours là, le plantigrade change d’allure et avance pas à pas quand les phoques semblent assoupis. Dans les derniers mètres, il se précipite, mais rate très souvent son coup.
Lorsque la banquise commence à se disloquer, l’ours polaire chasse à l’approche dans l’eau les phoques qui profitent du soleil sur des plaques plus ou moins à la dérive. Il se dirige vers eux à la nage entre les plaques de glace, entrecoupant sa progression en surface d’apnées successives. Il ne surgit qu’au dernier moment en bondissant sur sa proie avant qu’elle ne rejoigne la mer.
L’apprentissage de la chasse commence dès la sortie de la tanière. Lorsque la mère va se poster près d’un trou de respiration, elle stoppe ses jeunes à quelques dizaines de mètres en arrière : ils doivent rester calmes et silencieux pendant de longues heures, imitant la posture de leur mère, souvent allongée sur le ventre, la tête posée sur les pattes, face au vent pour mieux capter les odeurs.